Bulletin de la Société Paul Claudel, n°180

Sommaire

Christèle BARBIER – Claudel et la Comédie-Française, autour du Soulier de satin, 3

Michel WASSERMAN
– Des rônins à Christophe Colomb, 16

Alain BERETTA
– Entretien avec Christian Schiaretti sur L’Annonce faite à Marie au Théâtre National Populaire, 24

Thierry RAVASSARD
– Entretien avec Yves Prin, 29

– En marge des livres

Paul Bady : Paul Claudel, Correspondance consulaire de Chine, 34
Michel Lioure : Claudel-Rolland. Une amitié perdue et retrouvée, édition par Gérald Antoine et Bernard Duchatelet, 35
Xavier Tilliette : Correspondance de Paul Claudel avec les ecclésiastiques de son temps, par Dominique Millet-Gérard, 37
Michel Lioure : Paul Claudel. La vie au risque de la joie, d’Emmanuel Godo, 39
Nathalie Macé : Paul Claudel, Tête d’Or. Édition de Michel Lioure, 42
Séverine N’Guyen : Lectures de Claudel. Tête d’Or, sous la direction de Didier Alexandre, 43
Dominique Millet-Gérard : L’Influence de la liturgie sur les écrivains français de 1700 à 1923, d’Ivan Merz, 46

– Notes de lecture

Sever Martinot-Lagarde : Le prologue à Protée, 49
Catherine Brémeau : Tête d’Or, 57

– Théâtre et Musique

L’Annonce faite à Marie dans la mise en scène de Christian Schiaretti, 59

– Manifestations du cinquantenaire

– Claudel et Honegger
    Pascal Lécroart : Jeanne d’Arc au bûcher, l’œuvre d’un double cinquantenaire, 62
– Université York de Toronto
    Sever Martinot-Lagarde : compte rendu du colloque Claudel, 65
– Institut catholique de Rennes
    Marie-Victoire Nantet : Claudel et la Création, 67
– Maison de la culture du Japon à Paris
    René Sainte-Marie Perrin : Extraits de la conférence du professeur Shinobu Chujo, 68
– Maison franco-japonaise de Tokyo et Institut franco-japonais du Kansai
    Michel Wasserman : Claudel célébré dans ses deux arches d’or, 72
– Musée national d’art moderne de Kyoto
    Michel Wasserman : Claudel et ses amis peintres de Kyoto, 73
– Consulat de Francfort
    Christelle Brun : Inauguration d’une salle Paul et Camille Claudel, 74
– Château de Brangues
    François Claudel et Jean-Claude Fèvre : Les journées européennes du patrimoine, 75
– Maison Jean Vilar à Avignon
    Nathalie Macé : Paul Claudel au Festival d’Avignon, 77
– France 2 Télévision
    René Sainte-Marie Perrin : La Terre promise de Paul Claudel, documentaire de Jean-Claude Salou, 78

– Programme du cinquantenaire de la mort de Paul Claudel (fin),
80
– Bibliographie, 85
– Annonces, 90
– Nécrologie, 92

 

Claudel et la Comédie-Française, autour du Soulier de satin

Les relations entre Claudel et la Comédie-Française ont parfois été houleuses, en particulier pour l’entrée au répertoire de L’Annonce faite à Marie. La bibliothèque de la Comédie-Française conserve de précieux témoignages de ces relations sous la forme d’une correspondance en partie inédite entre le dramaturge et les administrateurs successifs du théâtre. À l’occasion de la mise en scène du Soulier de satin en 1943, Claudel et Jean-Louis Vaudoyer, administrateur de la Comédie-Française, ont échangé une correspondance intéressante dans laquelle on lit la vision qu’avait le dramaturge de ses pièces et du rôle de la Comédie-Française. Cette correspondance souligne aussi le rôle prépondérant de Barrault qui a agi avec diplomatie pour que l’oeuvre de Claudel puisse être représentée dans ce théâtre.

Dès 1941, Barrault, alors pensionnaire, a le projet de mettre en scène Le Soulier de satin à la Comédie-Française. En juillet 1942, devant le refus du comité de lecture de représenter la pièce intégralement, Barrault propose de resserrer la pièce et soumet son projet à Claudel à la fin de l’été. Il envisage à ce moment de quitter la Comédie-Française pour le théâtre de l’Athénée. Claudel écrit aussitôt à l’Administrateur général pour l’informer qu’il lie le destin de sa pièce à celui de Jean-Louis Barrault :

1er septembre 42

Cher monsieur,

Quand v.[ous] aurez cette lettre, v.[ous] aurez sans doute vu J.[ean] L.[ouis] Barrault qui v.[ous] aura expliqué la décision à quoi n.[ous] sommes parvenus d’un commun accord après beaucoup de réflexions et d’hésitations. Le S.[oulier] de satin est pour moi inséparable de Barrault à qui je l’ai toujours promis. Il l’emporte donc avec lui mêlé à ses nouvelles et audacieuses destinées. Hélas ! pas en entier puisq.[ue] de cruelles nécessités s’y opposent. Je veux v.[ous] dire du moins tous mes regrets de n’avoir su mieux reconnaître la compréhension et la bonne grâce que v.[ous] n’avez cessé de me montrer ainsi que tous les artistes. Croyez à mes affectueux sentiments.

Paul Claudel[1]

Cependant Barrault reste à la Comédie-Française et accède au sociétariat. Un projet de mise en scène de L’Annonce faite à Marie fait alors naître un conflit entre Claudel et la Comédie-Française. Les relations entre l’auteur et le théâtre se cristallisent autour de cette pièce. Claudel attache la plus grande importance à la représentation de L’Annonce. Il attend de cette pièce le succès auprès du grand public et il espère de la part de la Comédie-Française une forme de reconnaissance institutionnelle de son oeuvre. Or la pièce a été reçue par le comité de lecture à l’unanimité en 1937 mais n’a pas encore été représentée, elle se trouve dans l’antichambre du répertoire, ce qui l’empêche d’être représentée ailleurs. Les préparatifs du Soulier de satin ne peuvent faire oublier à Claudel les déceptions successives qu’il a rencontrées avec les différents metteurs en scène pressentis pour L’Annonce : Copeau, Dullin, Jouvet, Baty. En décembre, il demande alors à Vaudoyer l’autorisation de donner L’Annonce à Dullin qui voudrait la mettre en scène :

Le 3 Xbre 42, Monsieur l’Administrateur Gal-

Vous connaissez l’historique de mes relations avec la C.[omédie] Fr.[ançaise] au sujet de L’Annonce faite à Marie. Depuis plus de dix ans je tiens cette pièce à sa disposition. M. Émile Fabre a refusé longtemps de s’y intéresser. M. Bourdet l’a mise à l’étude mais pour une raison ou pour une autre 4 ou 5 ans se sont écoulés sans q.[ue] ses bonnes intentions à mon égard se soient réalisées. De guerre lasse, je v.[ous] ai d[eman]dé de me permettre de donner la pièce à un théâtre de jeunes. V.[ous] y avez aimablement consenti et la pièce a été donnée l’hiver dernier, v.[ous] savez avec quel succès, dont le cours n’a été interrompu q.[ue] par la fatigue des interprètes. Depuis, j’ai reçu de tous côtés des demandes pour q.[ue] la pièce reparaisse de nouveau devant le public et 4 théâtres se la disputent actuellement. Or la C.[omédie] fr.[ançaise] ne peut songer en ce moment à la monter. Au prix de sacrifices q.[ui] m’ont énormément coûté, je lui ai donné mon oeuvre la plus importante et complètement inédite : Le Soulier de satin, dont la mise à la scène absorbera sans doute pour longtemps le travail de v.[otre] troupe et l’intérêt de v.[otre] public. V.[ous] comprendrez cependant dans un esprit de justice q.[ue] je ne puis me désintéresser de L’Annonce, dont la représentation dans les circonstances actuelles me paraît répondre à une véritable nécessité. M. Dullin, q.[ui] est, comme vous le savez, l’instigateur de la nouvelle version de mon IVe acte, m’a demandé la pièce. Il me semble q.[ue] je n’ai pas le droit de la lui refuser. Je fais donc appel à v.[otre] courtoisie pour n’opposer à ce désir aucun obstacle. Mais il est bien entendu q.[ue] je ne renonce nullement à l’espoir de voir cette pièce essentiellement française, figurer un jour au répertoire de notre théâtre national. Je v.[ous] envoie avec mes remerciements anticipés mon plus affectueux souvenir, Paul Claudel[2]

Dans une lettre du 10 décembre[3], Jean-Louis Vaudoyer refuse de laisser L’Annonce faite à Marie quitter le répertoire de la Comédie-Française. Devant l’ampleur de la tâche nécessaire à la mise en scène du Soulier de satin, il propose de repousser Le Soulier à l’automne, et de monter L’Annonce en attendant. Le mécontentement de Claudel, sans doute accentué par l’embarras où il se trouve vis-à-vis de Dullin[4], s’exprime alors en ces termes :

17 décembre 1942

M. l’A.[dministrateur]G.[énéral] – Vos 2 c[artes] p[ostales] du 10 courant q.[ue] je reçois à l’instant ajoutent une péripétie de plus à l’histoire assez mouvementée de mes rapports avec la C[omédie] F[rançaise]. Après m’avoir proposé une représentation semi intégrale du Soulier de satin, puis suggéré une révision radicale de cette pièce à laq.[uelle] j’ai dû me résigner non sans une vive répugnance, v.[ous] me demandez maintenant d’envisager l’ajournement jusqu’au mois de novembre prochain de vos promesses, sans q.[ue] rien fasse prévoir q.[ue] les raisons q.[ue] v.[ous] alléguez pour justifier cette mesure auront cessé alors de conserver leur force. Je crois préférable dans cette condition de remettre la représentation de la pièce à un moment où les circonstances permettent plus de suites dans les desseins – En ce q.[ui] concerne L’Annonce, v.[ous] me témoignez actuellement un vif intérêt pour l’entrée définitive au répertoire de la C[omédie] F[rançaise] de cette pièce q.[ue] je lui propose depuis plus de dix ans et q.[ue] j’ai toujours vu jusqu’ici pour une raison ou pour une autre écartée de n.[otre] scène nationale. J’espère q.[ue] cette fois vos sentiments à mon égard me permettent d’espérer une bonne volonté plus effective. – Mais v.[otre] changement de front soudain me place dans l’embarras à l’égard de M. Dullin. Celui-ci q.[ue] j’avais pris l’initiative d’approcher à mon dernier passage à Paris aura des raisons de ne pas trouver de son goût une péripétie inattendue dont je ne suis pas responsable. Je v.[ous] demanderai donc de lui écrire de v.[otre] côté pour me permettre de me dégager. – Cet obstacle écarté, je suppose q.[ue] je puis enfin considérer la C[omédie] F[rançaise] comme engagée envers moi d’une manière ferme, dans les conditions q.[ue] v.[ous] indiquez. Ce n’est plus l’essai d’un débutant q.[ui] entre ainsi d.[ans] v.[otre] répertoire, c’est une oeuvre consacrée par 30 ans de succès sur t[ou]tes les scènes du monde, une oeuvre de caractère éminemment national, etc. J’ai le droit de m’attendre à la voir considérée et traitée par v.[ous] comme telle. J’espère donc q.[ue] pour l’interprétation et la mise en scène de la pièce, v.[ous] voudrez bien, ainsi que M. J.-L. Barrault dont j’accepte avec joie le concours tenir compte de mes desiderata – Je v.[ous] serais reconnaissant si v.[ous] vouliez b.[ien] me confirmer par écrit ces dispositions et je v.[ous] en remercie d’avance. Dès réception de v.[otre] réponse j’écrirai à M. Dullin – Je n’irai pas à Paris en janvier et s.[ans] doute pas avant le printemps.

Veuillez agréer, M. l’A.[dministrateur] G.[énéral], les assurances de mes sentiments les plus sincèrement dévoués.

Paul Claudel

P.S. : M. J.-L. Barrault m’avait parlé dans sa dernière c[arte] déjà ancienne à propos du Soulier d’une décision de la censure et d’un vote du comité de lecture. Je v.[ous] serais obligé de me dire si cette double formalité a été accomplie.[5]

Cette lettre montre la place capitale que Claudel accordait à L’Annonce pour la réception de son oeuvre, à tel point qu’il ne recule devant aucun argument pour convaincre Vaudoyer. On lit dans cette lettre l’amertume de Claudel, amertume nourrie par les échecs successifs des projets de représentation. Les coupures opérées sur Le Soulier de satin sont aussi perçues comme des sacrifices consentis par lui. La seule note plus apaisée de la lettre concerne Jean-Louis Barrault, à qui il semble accorder une pleine confiance. Il le distingue en cela des metteurs en scène qui n’ont pas réussi à s’entendre avec lui et dont il avait écrit : « Ce qu’il leur faut, c’est un mort qui leur laisse toute liberté et tout honneur. »[6] Après l’impasse à laquelle Claudel et la Comédie-Française sont parvenus avec L’Annonce faite à Marie, ils doivent négocier, et c’est Barrault qui sert de diplomate entre ces deux instances[7]. S’il jouit d’un accès privilégié auprès de Claudel, Barrault sait rester un diplomate prudent et subtil pour permettre la réconciliation.

Devant la réaction de Claudel, la Comédie-Française décide de monter Le Soulier de satin selon le premier projet arrêté. Vaudoyer écrit à Claudel plusieurs lettres fin décembre pour lui témoigner sa bonne volonté et lui faire part de l’autorisation donnée par la censure allemande et de l’avis favorable du comité de lecture. Vaudoyer souligne l’enthousiasme de Barrault : « Mais la foi profonde et entraînante de Jean-Louis Barrault a une vertu de persuasion qui nous donne à tous confiance. »[8] Par ailleurs, il informe Dullin que L’Annonce reste au répertoire de la Comédie-Française. Début janvier, le comité de lecture accepte la « version pour la scène » de la pièce. Le 13 janvier, Barrault rend visite à Claudel à Brangues. Il rend compte en ces termes de son travail de diplomate à Vaudoyer :

16 janvier 43 Monsieur-

Mes 2 jours passés chez l’Ambassadeur peuvent nous rassurer- Cl.[audel] est ravi. La distribution lui plaît d’autant plus qu’il connaît à peine les comédiens d[on]t je lui parle. Il s’en remet à nous. Il est très sincèrement sensible à l’effort qu’a bien voulu faire la société des comédiens. Je lui ai fait ressortir les perturbations administratives et financières qu’une telle représentation apportait. Il était ému comme un ange. Naturellement il n’est plus question de L’Annonce pour cette saison. Il est un peu ennuyé pour Ch.[arles] D.[ullin], mais sans plus. Il serait ravi que L’Annonce se joue à Noël prochain par ex.[emple]. Il m’a demandé de pressentir Derain pour cela. Enfin j’ai précisé avec lui la plantation et les machines des décors. Je reviendrai donc avec le projet définitif de décoration. Il faudra que Sert s’y plie. J’ai tâché d’arranger certaines choses. Mais Cl.[audel], comme vous, n’y croit pas beauc.[oup]. Pourtant, je sens qu’il le souhaite. Il a soulevé le lièvre des « phynances » vis à vis de Sert. Vous devriez voir cela. Il se pourrait qu’il demande un prix impossible. Resp[ectueusemen]t et affect[ueusemen]t, dévouement, J.[ean] L.[ouis] B.[arrault][9]

Ce rôle primordial de Barrault, Vaudoyer le souligne dans ce brouillon d’une lettre à Sert :

27 janvier 43

Je vous ai dit de quelle manière Le Soulier de satin a pris le chemin et a franchi les portes de la Comédie-Française. C’est J.[ean]-L.[ouis] Barrault qui a eu cette idée ; c’est lui qui a convaincu Claudel de remanier profondément sa pièce ; et c’est sur la mise en scène de Barrault que Claudel a travaillé à ces remaniements. Je dois donc considérer que dans ces circonstances, Barrault est et doit rester le meneur de jeu ; il doit avoir à la fois les responsabilités et les prérogatives de cette direction scénique. […] mais je ne puis pas demander à Barrault de renoncer à ses conceptions personnelles puisque, encore une fois, sans lui, Claudel ne nous aurait pas donné son oeuvre, et n’eût pas consenti à des transformations radicales.[10]

Le destin du Soulier de satin, surtout après les représentations triomphales de 1943 apparaît désormais aux yeux de Claudel indissociable de son metteur en scène et de la salle Richelieu. En 1946, Claudel refuse que la pièce soit représentée à l’Odéon dans une lettre au nouvel administrateur Andrey Obey dont nous présentons un extrait :

Permettez-moi de vous exprimer mon très vif désir que Le Soulier de satin soit maintenu dans cette salle de la rue Richelieu, où il a fait une apparition que j’ai bien le droit de considérer comme historique. Veuillez vous rappeler que mon grand âge me permettrait d’invoquer les bénéfices de l’outre-tombe ! D’autre part la composition du drame remonte à 1924, c’est-à-dire à 22 ans. J’aurais donc le droit moral de la considérer comme faisant partie du répertoire.[11]

Le 22 juin, il refuse que la pièce soit reprise sans Jean-Louis Barrault dans une lettre à Obey qu’il recopie dans son Journal[12]. Ce n’est qu’en 1949 que Claudel autorise la reprise du Soulier de satin sans Jean-Louis Barrault, mais les rebondissements continuent pour L’Annonce faite à Marie qui ne rentre véritablement au répertoire qu’en 1955 !

 

Deux textes inédits de la « version pour la scène » du Soulier de satin

À la fin de l’été 1942, Barrault soumet à Claudel son projet de resserrement du Soulier de satin pour la Comédie-Française. Il raconte dans ses souvenirs :

Après avoir travaillé à une nouvelle adaptation, je revins visiter Claudel à Brangues qui, à son tour, accepta. Il ne s’agissait plus que de faire la distribution (tâche facile grâce à cette admirable troupe) et d’écrire quelques additifs et becquets (ce qu’il fit sur le champ et avec joie. Claudel a toujours aimé « tripatouiller » ses textes, quand il ne refait pas entièrement toute la pièce. Cela nous est arrivé plus tard !) Il restait quelques phrases charnières à ajouter qu’il me pria, à ma grande surprise, d’écrire moi-même. Ce que je fis de mon mieux. Claudel, pour ses écrits, n’est pas atteint de fétichisme.[13]

Barrault se charge alors d’écrire les indications scéniques, modifie le début de la Deuxième Journée et la scène entre Camille et Prouhèze dans la Troisième Journée. En octobre, Claudel a travaillé aux additifs et les envoie à Barrault. Il s’agit d’une indication scénique sur Doña Musique et le Sergent. Cette indication n’est pas intégrée dans la « version pour la scène »[14]. Dans cet envoi se trouve aussi le texte introductif de l’Annoncier du début de la Troisième Journée qui sera intégré dans la « version pour la scène » avec des modifications apportées par Barrault. Claudel joint aussi un texte introductif à la Quatrième Journée[15]. Ce texte a été ensuite remplacé par le texte sur la « soupe à la pierre » qui résume toute la Quatrième Journée. Il y a enfin une série de répliques entre l’Actrice et la Camériste, et une scène avec Rodrigue, Daïbutsu et l’Actrice. Ces deux courtes scènes sont inédites. Les manuscrits de ces additifs sont conservés à la Bibliothèque de la Comédie-Française.

L’étude de ces manuscrits révèle les traits les plus significatifs de la façon dont a été conçue la « version pour la scène ». On constate d’abord que ces additifs prévus à l’origine pour être des résumés permettant de couper des scènes ne sont pas du tout des résumés mais plutôt des liens entre les journées. Le becquet qui annonce la Troisième Journée mentionne les « éliminés qui se débattent dans la resserre aux fantômes », or dans aucun de ces additifs Claudel n’envisage sérieusement d’éliminer un personnage ! C’est sans doute pour cette raison que Barrault modifie le début de la Troisième Journée et demande à Claudel de refaire un texte pour la Quatrième Journée. Ainsi, alors que Barrault avait proposé une version resserrée du Soulier d’où la Quatrième Journée avait presque entièrement disparu, Claudel fait apparaître les pêcheurs dans sa préface à la Quatrième Journée et envoie à Barrault une réécriture des scènes avec l’Actrice. Le malentendu entre eux est visible. Dans cette volonté de sauvegarder les personnages, on peut lire aussi les regrets de Claudel à couper son texte. Ainsi le premier état du début de la Quatrième Journée se termine de cette façon :

Je vois notre Monsieur Don Rodrigue qui s’amène sur son petit bateau. Tra la la !
Il s’en va en courant lourdement.

 

Le second se termine ainsi :

Et maintenant voici notre vieil ami Rodrigue qui va vous débarrasser de sa présence.
Il sort tristement par la porte fixe droite.[16]

 

Peut-être faut-il lire dans cet accès de tristesse les regrets de l’auteur à qui l’on a fait sentir qu’il fallait « débarrasser » le public de son héros ?

L’étude de ces manuscrits permet aussi de confirmer que la « version pour la scène » n’a pas fait l’objet d’une réécriture proprement dite et que Claudel travaillait sans recopier le texte. Les passages modifiés sont écrits de sa main, mais il ne recopie pas le texte entièrement et renvoie aux pages de l’édition de la NRF de 1929. C’est sans doute une des raisons qui explique qu’il n’ait pas modifié la pièce en profondeur puisque souvent une réécriture naissait quand il recopiait un texte. Enfin, on voit clairement que ces quatre additifs sont marginaux au regard de l’ampleur de la pièce et des réécritures qu’il opérera plus tard sur d’autres oeuvres.

Les deux scènes inédites sont plus des ajouts que des résumés. La première n’est pas une scène mais plutôt une série de répliques :

Quatrième Journée

L’Actrice – La Camériste
p.194
La C. j’en ai pleuré toute la nuit !
L’Actrice – Et moi aussi j’ai envie de pleurer ! Ô pauvre Don Felipe !
La C. Ô surtout que Madame ne pleure pas ! Elle ferait couler son rimmel !
L’Actrice. Tu as raison ! il ne faut pas pleurer ! alors je chanterai.
Elle fredonne tout en se maquillant.
Une larme de tes yeux !
Une larme de tes yeux ! 

On remarque que Claudel note le numéro de page de l’édition NRF dans laquelle il faut intercaler cet additif. Ces répliques prévoient que l’Actrice apprenne avec les courtisans la défaite de l’Armada et la mort du Duc de Medina Sidonia. Le personnage de l’Actrice se rapproche ici du personnage d’Isabel par le chant. Claudel semble souligner le lien entre ces deux figures féminines face au personnage de Rodrigue. Dans l’autre scène, l’Actrice est aussi assimilée à la figure d’Isabel et Claudel imagine la scène où l’Actrice vient prendre la place de Daïbutsu auprès de Rodrigue :

Quatrième Journée

Scène II
p.145. – Rodrigue
Et maintenant passons à Saint Jacques. Ça, ça va se vendre en Espagne comme des petits pains mollets ! Écoute mon idée !
On voit arriver au dehors une galère à l’arrière de laquelle est assise sous un [illis.] de soie cerise l’Actrice. Elle chante :
Je me suis oubliée de moi-même
Mais qui prendra soin de ton âme … (Guitare) Ta ra ra ta ta ta !
Don R. Il me semble que je connais cette chanson. p.84.
L’Actrice Mais qui prendra soin de ton âme ?
Don R. – Qui est-ce qui chante ?      La corde de la guitare casse.
Daïbutsu. – C’est une dame. Ça doit être une très grande dame ! Si j’ose le dire une personne exceptionnelle. Elle est assise sur un bateau magnifique q.[ui] [illis. flotter / flotte] les couleurs du Duc de Medina Sidonia.
Don R. Ça n’a pas d’importance. Ouvre les oreilles ! Je disais que pour Saint Jacques, il y a deux idées. La première idée…
L’Actrice.                Mais qui prendra soin de ton âme,
Maintenant que je n’y suis plus
Etc. pour toujours !
Don R. Pour toujours ! C’est idiot ! Je disais donc que pour Saint Jacques, la première idée… C’est idiot ! je ne me rappelle plus la première idée mais voici la seconde idée…
L’ActricePour toujours avec toi ! pour toujours avec toi !
Don R…. – La seconde idée, c’est un Saint Jacques gigantesque. Il marche sur la mer et il est si grand que le ciel n’est pas assez haut pour lui, il se recourbe, et au bout d’un immense bras qui pend il a une main, une main énorme. Il s’avance vers une ville toute blanche par terre comme une traînée de farine.
L’Actrice criant De la nuit où je repose solitaire etc.
Don R. Je le sais ! je le sais ! je le sais !… comme une traînée de farine… comme une traînée de farine… disons Mogador en Afrique par exemple.
La musique s’éloigne.
Il s’avance vers une ville toute blanche par terre comme une traînée de farine.

Claudel s’amuse à évoquer dans cette scène la façon dont l’Actrice est appelée à remplacer Daïbutsu auprès de Rodrigue et il souligne l’aspect illusoire du personnage en lui prêtant la chanson d’Isabel. On reconnaît ici le mode de composition propre au Soulier de satin : les personnages entrent en résonance les uns avec les autres, se dédoublent, endossent des fonctions semblables et la pièce présente différentes facettes d’un même événement. Comme le monde pour le Père Jésuite au début de la pièce, Le Soulier de satin est une « oeuvre indivisible », les scènes et les personnages forment « une seule étoffe indéchirable »[17]. Ces deux courtes scènes imaginées par Claudel montrent qu’il n’a pu se résoudre à condenser son oeuvre et que les rares scènes qu’il a retouchées l’ont été dans le sens non d’un resserrement mais plutôt dans le sens d’une nouvelle exploration des virtualités du texte. On comprend alors que Barrault qui cherchait à faire tenir la pièce dans les délais imposés par le couvre-feu n’ait retenu pratiquement aucun de ces additifs envoyés par Claudel en octobre 1942. Le processus de réécriture chez Claudel serait alors une façon de développer une potentialité enfouie du texte, de répondre à une question laissée en suspens, non pas tant une transformation qu’une exploration d’un possible du texte.

 

Réécriture de la scène dite du « Château-arrière » dans la « version pour la scène » du Soulier satin

Lors de l’élaboration de la « version pour la scène » du Soulier de satin par Claudel et Barrault en 1942-1943, la seule scène qui ait fait l’objet d’une réécriture au sens strict de la part de Claudel a été la scène dite du « Château-arrière », c’est-à-dire la scène finale de la Troisième Journée. Selon les témoignages de Barrault et de Claudel, ce serait une image de la mise en scène, la croix formée par les débris du bateau du Père Jésuite, qui aurait donné l’idée à Claudel de cette réécriture. Une image scénique aurait inspiré l’écriture dramatique. Claudel et Barrault ont présenté cette réécriture comme une inspiration du ciel venue résoudre une difficulté de mise en scène. Les faits sont cependant plus compliqués qu’il n’y paraît, et il ne semble pas que la croix ait été l’élément séminal de cette réécriture. Comme souvent, l’idée d’une adaptation de la scène vient de Barrault, on trouve sur ses feuillets de mise en scène pour la fin de la Troisième Journée cette note manuscrite : « Si possible rendre le thème plus clair (à cause du public) : petite concession. »[18] Barrault voudrait que la scène explicite le renoncement à l’amour ou même offre une forme de satisfaction en échange de ce renoncement. Il raconte qu’il n’arrivait pas à jouer ce passage :

Je n’avais pas pu, à la grande scène du Château-arrière, ni mettre la scène en place, ni apprendre le texte, pas plus que ne l’avait pu Marie Bell. La pièce à cet endroit se rebiffait. Elle avait pris vie et, à cet endroit, il y avait une adhérence. Elle résistait.[19]

Mais pourquoi cette scène ne passait-elle pas la rampe ? Selon André Alter, cette réécriture vise à rectifier l’asymétrie et le manque induits par la coupure de la Quatrième Journée : « Dans une version condensée, il a bien fallu que Claudel trouvât un moyen de montrer concrètement ce que Rodrigue ne finit de découvrir qu’à la fin de la Quatrième Journée. »[20] La scène a dû être modifiée pour pallier le manque de la Quatrième Journée et pour expliciter le sens de l’épilogue.

L’histoire de cette réécriture telle qu’elle est fixée par la tradition est la suivante :

Au premier filage du Soulier de satin, en septembre 43, il murmura, à la fin de la première partie qui durait 2h30 (durée exceptionnelle pour l’époque) : « Eh bien, ils en auront pour leur argent. » Mais pendant la deuxième partie qui durait 1h45 (cela faisait en tout à peu près cinq heures de spectacle), il y avait un obstacle que nous n’arrivions pas à surmonter. Il reconnaissait cet obstacle – Je lui proposai une coupure – avec calme, il s’approche de moi et me dit : « Avant d’arracher la dent, on va essayer de la soigner » – puis il s’en va.

Le lendemain dès 8h du matin, il arrivait les yeux couverts de larmes, m’apportant la scène en question entièrement récrite et me dit :

– « Prenez, c’est pour vous, pas à moi, cela m’a été dicté cette nuit. »

Cela représentait deux doubles feuillets de « papier ministre » couverts de son écriture, où l’on sentait qu’il avait écrit au rythme de la parole car seules les deux ou trois premières lettres des mots étaient couchées sur le papier – Claudel était un inspiré ! Nous répétâmes cette nouvelle version – Cela coula de source et Le Soulier de satin se mit à tourner. »[21]

En étudiant les manuscrits de cette réécriture qui sont conservés à la Bibliothèque de la Comédie-Française, on s’aperçoit que l’inspiration n’est sans doute pas venue si soudainement et n’est pas née de l’image de la croix. Il existe trois manuscrits de cette scène, tous de la main de Claudel. Le premier est un manuscrit de format A5 dont on peut légitimement penser qu’il s’agit d’un premier état du texte, l’écriture est rapide. Le deuxième est le brouillon de la scène qui présente pour certains passages du texte une leçon apparemment plus sûre que le manuscrit final. Barrault raconte que le matin du 12 novembre Claudel, très ému, avait oublié le manuscrit calligraphié et ne lui avait apporté que le brouillon. Le troisième présente la scène recopiée au propre, il est constitué d’une feuille de format A3 pliée en deux et d’une feuille de format A4, il est daté de la nuit du 11 au 12 novembre 1943. Le titre de ce manuscrit calligraphié indique :

Variante pour le Théâtre Français / Le Soulier de satin / Variante pour la scène le théâtre de la Scène finale de la Troisième Journée

Il s’agit pour Claudel d’une variante occasionnelle pour la Comédie-Française et non d’une réécriture définitive. À la lecture de la première ébauche de la scène, on s’aperçoit que le motif qui détermine la réécriture n’est pas la croix, mais l’anneau. Même si l’on admet que Claudel a modifié la scène après une répétition, ce qui n’est pas évident étant donné que Barrault lui avait peut-être passé commande avant, le premier état du texte montre clairement que la réécriture s’est cristallisée autour de l’anneau. Nous donnons la reproduction de ce manuscrit[22] :

Le Soulier de satin

Fin de la 3e Journée

Les 2 noirs se sont placés en arrière de Doña Prouhèze.

D.P.

Tu le vois ? eh bien, dis seulement un seul mot, et je reste ! un seul mot, un seul geste ! Cet anneau q.[ue] j’ai au doigt, essaye de le retirer.

Don R.

L’anneau de ton mariage avec Ochiali ?

Doña Pr.

L’anneau de mon mariage avec Ochiali !

L’anneau de mon mariage avec Don Pélage !

L’anneau de mon mariage avec Dieu !

Don R. retire l’anneau

Doña Pr. (À chaque mot, elle recule d’un pas jusqu’à ce qu’elle arrive entre les deux noirs q[ui] la saisissent chacun par un bras.)

Un mot et je reste avec toi !

Un seul mot, est-il si difficile à dire !

Un seul mot et je reste

(entre les 2 noirs)

avec toi !

Don R. a pris l’anneau et l’élève lentement jusqu’à ses yeux, puis il le jette violemment par terre. Ses officiers l’entourent.

—–

(Doña Pr. recule en faisant porter le poids du corps sur la jambe. C’est le corps en se retirant q[ui] entraîne le changement d’aplomb de chaque j.[ambe] l’une après l’autre.) 

 

Cette scène de l’anneau qui ressemble aux scènes de transe du théâtre de Claudel n’est pas sans faire songer au retour d’Ysé au troisième acte de Partage de midi. Ce qui déclenche la scène est le signe du bras levé, comme le signe de la main dans le final de Partage de midi. Mais pourquoi l’anneau ? Claudel s’était fiancé au foyer de la Comédie-Française, à la lecture du Journal, on découvre aussi que Claudel avait égaré deux fois son alliance durant l’élaboration de la « version pour la scène », et le thème est déjà présent à la fin du Soulier de satin dans cette réplique de Rodrigue : « Est-ce qu’elle lui a donné volontiers sa belle main, le doigt de sa main pour qu’il y passe l’anneau ? »[23]. Mais cet anneau est surtout le signe physique de l’impossibilité du « oui ». C’est une façon de simplifier la scène en utilisant une image déjà présente dans son théâtre pour montrer que Prouhèze est à jamais inaccessible. On voit dans cette première ébauche que Rodrigue n’accepte pas ce sacrement du « non », il prend l’anneau et le jette, signe de sa révolte et de son incompréhension. Le symbole de l’anneau permet d’expliquer pourquoi Prouhèze ne peut s’acquitter d’aucune promesse mais il faut encore modifier la scène pour que Rodrigue consente au renoncement. L’image de la croix vient alors remplacer la disparition presque complète de la Quatrième Journée. Il fallait en effet réintégrer la dimension du Salut pour éclaircir le sens de l’épilogue. La croix se superpose à cette dernière Journée qui faisait de Rodrigue une image du Christ aux outrages. Dans la première ébauche et dans le brouillon de la scène, Rodrigue retirait l’anneau, mais dans la version calligraphiée, on lit :

Don R. lui saisit la main puis la repousse. Je ne puis ![24]

Dans la version finale de la réécriture, il repousse la main et renonce à Prouhèze. On est passé de la révolte liée au signe de l’anneau au consentement lié au signe de la croix.

Comme quand il modifie le dénouement de L’Otage en 1914 pour Lugné-Poe, Claudel met en scène le sacrifice de Prouhèze, peut-être le symbole du sacrifice du texte aussi. Le paradoxe de cette réécriture, c’est que Rodrigue conduit Prouhèze à la croix, alors que c’est censément le personnage de Prouhèze qui l’initie et le mène au Salut. Même si Rodrigue reproche à Prouhèze de n’être qu’une « croix », cette découverte de la croix semble illogique : la fin de la pièce est vécue avant la fin. À peine la réécriture achevée, Claudel semble déjà la regretter, il écrit ce conseil destiné à Barrault sur un feuillet : « L’impression de crucifiement ne doit durer q.[ue] le temps d’un éclair. – R. est encore en pleine force. Il a toute une journée devant lui. »[25] Cette réaction confirme ce que montrent les différents brouillons : cette réécriture n’est pas vraiment le fruit d’une inspiration providentielle mais plutôt d’un travail en plusieurs étapes qui puise son inspiration non du signe de la croix mais plutôt du signe de l’anneau. Elle vise à expliquer l’impossibilité d’une promesse entre les personnages et tient lieu de Quatrième Journée dans l’économie du Salut de Rodrigue, et la précision apportée par Claudel montre sa réserve à l’égard de la suppression de la dernière Journée du Soulier de satin

Christèle BARBIER


[1]. Carte interzone, © Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française. Collections de la Comédie-Française.
[2]. Cartes interzone, © Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française.
[3]. Lettre publiée dans les notes du Cahier Paul Claudel 10, « Correspondance Paul Claudel – Jean-Louis Barrault », Paris, Gallimard, 1974, p. 297.
[4]. Voir le chapitre « Les rendez-vous manqués à la Comédie-Française », et notamment les pages 270-271, du livre d’Alain Beretta, Paul Claudel et la mise en scène : autour de L’Annonce faite à Marie (1912-1955), Besançon, Presses Universitaires Franc-Comtoises, 2000.
[5]. Cartes interzone, © Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française. La lettre similaire envoyée à Barrault trois jours après est publiée dans Cahier Paul Claudel 10, op. cit., p. 100-101.
[6]. Lettre de Claudel à Bourdet, 31 juillet 1939, Cahier Paul Claudel 6, « Correspondance Copeau Dullin Jouvet », édition de Jacques Petit, Paris, Gallimard, 1966, p. 191.
[7]. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la brouille la plus sévère survenue entre Barrault et Claudel s’est produite à propos de L’Annonce faite à Marie. Voir dans le chapitre « Les rendez-vous manqués à la Comédie-Française » les pages 279-280 du livre d’Alain Beretta, op. cit.
[8]. Lettre de Vaudoyer à Claudel, 26 décembre 1942, © Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française. Cette lettre est publiée en partie dans le Cahier Paul Claudel 10, op. cit., p. 298-299.
[9]. Carte interzone, © Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française.
[10]. © Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française.
[11]. Lettre de Claudel à André Obey, 16 avril 1946, © Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française.
[12]. Journal, tome 2, p. 356.
[13]. Jean-Louis Barrault, Nouvelles réflexions sur le théâtre, Paris, Flammarion, 1959, p. 211.
[14]. Elle est publiée dans l’édition de la correspondance entre Claudel et Barrault établie par Michel Lioure aux pages 293-294, Cahier Paul Claudel 10, op. cit.
[15]. Ce texte est publié p. 294 du Cahier Paul Claudel 10.
[16]. Le Soulier de satin, « version pour la scène », Deuxième partie, Épilogue, Théâtre 2, p. 1103.
[17]. Le Soulier de satin, édition de Michel Autrand, op. cit., Première Journée, scène I, v. 14-15, p. 19.
[18]. Fonds Renaud-Barrault du Département Arts et spectacles de la Bibliothèque nationale.
[19]. Jean-Louis Barrault, Réflexions sur le théâtre, Paris, J. Vautrain, 1949, p. 165.
[20]. André Alter, Paul Claudel, Paris, Seghers, 1968, p. 105.
[21]. « Travailler avec Claudel », Jean-Louis Barrault, Europe, n° 635, Paris, mars 1982.
[22]. © Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française.
[23]. Le Soulier de satin, édition de Michel Autrand, Paris, Gallimard, 1997, Folio Théâtre n° 41, Quatrième Journée, scène XI, v. 4621, p. 494.
[24]. Le texte édité a interpolé les deux manuscrits et donne « lui saisit la main, puis la retire » ce qui créé une confusion puisqu’on attendrait en français « retire l’anneau » ou « repousse la main ».
[25]. Remarque pour Jean-Louis Barrault, 21 novembre 43, © Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française.

 

Bibliographie

Paul CLAUDEL

Dagen Vender / Partage de midi, traduction en norvégien de Vera H. Follesdal, édition AV H. Aschehoug & co, Oslo, 2005.

Une visite à Brangues, conversation avec Jacques Madaule et Pierre Schaeffer en février 1944, deux CD audio inclus, Gallimard, Les Cahiers de la NRF, 2005.

Dodoitzu et l’escargot alpiniste, introduction de Guy Goffette, illustrations de Dominique Corbasson, Gallimard jeunesse, coll. Enfance et poésie, 2005.

Claudel Rolland. Une amitié perdue et retrouvée, édition établie, annotée et présentée par Gérald Antoine et Bernard Duchatelet, Gallimard, Les Cahiers de la NRF, 2005.

 

Pierre BRUNEL

Va-et-vient Hugo, Rimbaud, Claudel, éditions Klincksieck, Paris 2003.

 

Emmanuel GODO

     Paul Claudel. La vie au risque de la joie, éditions du Cerf, Paris, 2005.

 

Xavier TILLIETTE

     Le Jésuite et le Poète. Éloge jubilaire à Paul Claudel, Éditions de Paris, 2005.

 

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– « Formes et fonctions de la narrativité dans La Ville de Paul Claudel », p. 79-112 (note 7)

 

 

Pascale ALEXANDRE-BERGUES

– « Claudel au miroir d’Eschyle : Tête d’Or et l’Orestie » (note 4)

– « "J’inventais ce vers qui n’avait ni rime ni mètre". Claudel et le vers dramatique », p. 197-210 (note 5)

– « Avant-propos », p. 3-6 (note 7)

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« The art of Claudel’s l’Art poétique », p. 5 à 20 (note 2)

 

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« Cent phrases pour éventails ou un graphisme poétique », p. 47-58 (note 2)

 

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« Entre totalitarisme et anarchisme : prolégomènes à une lecture politique de Tête d’Or », p. 69-84 (note 5)

 

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– « Tête d’Or en trois mises en scène » (note 4)

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– « Le Motif de la séparation des eaux dans le commentaire de la Genèse de Paul Claudel », in La Genèse dans la littérature : exégèses et réécritures, sous la direction de Martine Bercot et Catherine Mayaux, Dijon, EUD, 2005, p. 157-167.

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– « "J’ai erré comme une lueur, il faut que je m’élève comme la flamme enracinée" » : Tête d’Or première partie », p. 31-40 (note 5)

– « Le Soulier de satin, de la personne au rôle », p. 23-28 (note 6)

 

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Ayako NISHINO

« L’influence du théâtre nô dans les "Idéogrammes claudéliens" », p. 99-119 (note 3)

 

Hiroko OGAWA

– « Ueda Bin et Claudel », p. 77-88 (note 3)

– « Chronologie sommaire des traductions japonaises de l’oeuvre de Paul Claudel de 1913 à 2003 », p. 121-127 (note 3)

 

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« Claudel, Chine, Japon », in Récits du dernier siècle des voyages. De Victor Segalen à Nicolas Bouvier, études réunies par Olivier Hambursin, Pups, 2005.

 

Maurice PINGUET

« Paul Claudel, exégète du Japon », p. 46-56 (note 1)

 

Olivier PY

« L’or et le rire ». p. 17-20 (note 6)

 

Marie-Albane RIOUX-WATINE

« Conjonctions et jointures : la coordination dans Tête d’Or », p. 235-252 (note 5)

 

 Hélène de SAINT-AUBERT

– « Le corps de la Sagesse : la Princesse ou la représentation de l’amour sur le théâtre. "Il faut me croire, Cébès, et m’aimer" », p. 57-68 (note 5)

– « Théâtre et récit dans L’Histoire de Tobie et de Sara. Différences de "mode" et parentés de "structures" », p. 149-168 (note 7)

 

Philippe SOLLERS

« Claudel porc et poète », p. 33-39 (note 1)

 

Éric TOUYA de MARENNE

« Claudel’s Poetic Doctrine : "Non Impedias Musicam" », p. 73-80 (note 2)

 

Keith TRIBBLE

« The Russian Premiere of Claudel’s L’Échange », p. 81-98 (note 2)

 

Sergio VILLANI

« The Prose Poems in L’oeil écoute », p. 99-105 (note 2)

(note 1) : L’Infini n° 92, Gallimard, automne 2005.

(note 2) : Paul Claudel Papers. A journal of the Paul Claudel Society, volume III, Québec, July 2005.

(note 3) : L’Oiseau Noir. Cercle d’études claudéliennes au Japon, volume XIII, Tokyo, 2005.

(note 4) : Méthode n° 9, Agrégations de lettres 2006, Vallongues éditions, 2005.

(note 5) : Lectures de Claudel. Tête d’Or, sous la direction de Didier Alexandre, Presses Universitaires de Rennes, 2005.

(note 6) : Les Amants stellaires, une mise en image du Soulier de satin de Paul Claudel, Livret d’exposition, Bibliothèque de Laon, 2005.

(note 7) : Paul Claudel 19. Théâtre et récit, sous la direction de Pascale Alexandre-Bergues, La revue des lettres modernes, Minard, 2005.

 

THÈSES ET TRAVAUX

 

Christèle BARBIER

« Le Soulier de satin à la scène ». Mémoire de DEA sous la direction du professeur Denis Guénoun, Université Paris IV, juin 2005.

 

HUANG Bei

« Peintures de Segalen et Cent phrases pour éventails de Claudel. Un dialogue au travers de la peinture extrême-orientale ». Thèse de docto­rat sous la direction du professer Michel Murat, soutenue le 7 septembre 2005, Université Paris IV.