L’Otage, mises en scène historiques

Créé par Lugné-Poe à la salle Malakoff puis au théâtre de l’Odéon au mois de juin 1914, dans les décors de Jean Variot, avec Ève Francis dans le rôle de Sygne, Jean Froment jouant le personnage de Turelure et Lugné-Poe celui du curé Badilon, L’Otage obtint un grand succès et reçut une critique très élogieuse. Ève Francis reprit plusieurs fois le rôle de Sygne, dans une mise en scène de Firmin Gémier au théâtre de l’Odéon en 1928, puis avec d’autres partenaires et dans sa propre mise en scène, au studio des Champs-Élysées au mois de mai 1930, au Studio de l’avenue Montaigne en 1931, au théâtre des Beaux-Arts de Bruxelles en 1933. La pièce accéda à la Comédie-Française en 1934 dans une mise en scène d’Émile Fabre, avec Marie Ventura dans le rôle de Sygne, Jean Hervé incarnant Georges de Coûfontaine, André Bacqué le curé Badilon et Fernand Ledoux en Turelure. Plusieurs reprises eurent lieu en France après la guerre : au Théâtre National du Palais de Chaillot en 1947, au Théâtre Montparnasse à Paris par le Centre dramatique de l’Est en 1948. La pièce reparut à la Comédie-Française au mois d’avril 1950, avec Claude Nollier dans le rôle de Sygne, Jean Yonnel en Pape Pie et Jean Davy en Turelure. Jean Danet joua le rôle de Turelure avec la compagnie des Tréteaux de France au cours de nombreuses tournées entre 1962 et 1977. Jean-Marie Serreau monta L’Otage à la Comédie-Française en 1968, dans une mise en scène inspirée des théories brechtiennes, avec Christine Fersen dans le rôle de Sygne, François Chaumette en Turelure et Michel Etcheverry en pape Pie. Le drame a été fréquemment repris, dans le cadre du festival d’Avignon au mois de juillet 1977 avec une mise en scène de Guy Rétoré, et de nouveau par Bernard Sobel au théâtre de Gennevillier en 2001 et au Théâtre National de Strasbourg en 2002, dans une mise en scène accentuant l’aspect politique et social de l’œuvre (voir le compte rendu de Michel Autrand dans le Bulletin de la Société Paul Claudel n° 162). Plusieurs metteurs en scène ont été tentés de représenter successivement, comme Claudel l’avait souhaité lui-même au lendemain de la guerre de 1914, les trois drames de la trilogie. Au théâtre du Vieux-Colombier au mois de décembre 1962, L’Otage avait été joué en alternance avec les deux autres drames de la trilogie, Le Pain dur et Le Père humilié, dans une mise en scène de Bernard Jenny, avec Hélène Sauvaneix dans le rôle de Sygne et Jean Le Poulain en Turelure. Une version d’ensemble des trois drames a été également montée au théâtre des Célestins à Lyon au mois d’avril 1989. Et ce sont aussi les trois pièces que Marcel Maréchal a mis en scène en alternance au théâtre du Rond-Point à Paris, en se réservant le rôle de Turelure, Évelyne Bouix interprétant celui de Sygne. L’Otage a également été très souvent représenté dans plusieurs villes d’Europe.