Le Livre de Christophe Colomb, résumé

La pièce est divisée en deux parties, composées respectivement de 18 et 8 tableaux. Après un « processionnal » d’ouverture au cours duquel est installé solennellement sur la scène « le Livre de la vie et des voyages de Christophe Colomb », qu’un « Explicateur » est chargé de lire et un Chœur de commenter (tableau 1), les premiers tableaux font voir le héros à la fin de sa vie, près de mourir dans une pauvre auberge à Valladolid (tableau 4). Le personnage alors se dédouble : tandis que sur la scène agira le Christophe Colomb de l’histoire, depuis son départ de Gênes (tableau 11) jusqu’à la découverte des terres américaines, et, dans la seconde partie, depuis le retour triomphal du conquérant en Espagne jusqu’à sa déchéance et à sa mort, un second Christophe Colomb, installé sur le proscenium d’où il assiste rétrospectivement au déroulement de sa propre vie, figurera le héros mythique, tel qu’il apparaît dans son essence idéale et au regard de la postérité, représentée par le Chœur (tableau 5).

Dans la première partie alternent les tableaux retraçant les principaux épisodes de la vie du héros avant la découverte de l’Amérique et les scènes symboliques ou allégoriques figurant les puissances qui l’ont soutenu dans son entreprise – la Reine Isabelle enfant à Majorque entourée de sa cour et recevant le sultan Miramolin (tableau 8), puis en prière après la prise de Grenade (tableau 14), les colombes évoquant symboliquement le nom et la destinée de Christophe Colomb (tableau 7) –, ainsi que les obstacles et les ennemis auxquels il s’est heurté : les divers opposants au projet du navigateur, les conseillers du Roi inspirés par l’Avarice et l’Envie (tableau 6), les créanciers soucieux de rentrer dans leurs fonds (tableau 12), les dieux aztèques hostiles à l’arrivée des conquérants chrétiens et barattant la mer pour faire échouer l’expédition (tableau 16). On assiste au recrutement des équipages des caravelles (tableau 15) et à la scène de la révolte des marins effrayés par les périls de ce voyage vers l’inconnu (tableau 17), jusqu’à l’apparition de l’Amérique à l’horizon, saluée par le chant du Te Deum (tableau 18).

La seconde partie débute par un « entracte » où l’Explicateur résume les événements qui ont suivi le premier retour du héros en Espagne et les déceptions qui se sont accumulées lors des voyages successifs. Une scène entre le Roi d’Espagne et les « hommes sages » évoque les réticences croissantes du pouvoir envers les ambitions de Christophe Colomb et les dépenses inutilement engagées (tableau 1). Une « controverse » oppose l’Explicateur et le Chœur qui se dissipe, impatient d’assister aux grandes scènes relatées par la chronique (tableau 2). Des trois voyages suivant la première découverte, l’Explicateur ne retient que celui où Christophe Colomb, dépossédé de son commandement et enchaîné dans le bateau qui le ramène en Espagne, soutient victorieusement une terrible tempête (tableau 3). Dans un site indéterminé d’Espagne, un messager apprend à Christophe Colomb la mort de sa protectrice, la reine Isabelle, dont on aperçoit le cortège funèbre (tableau 5). La scène revient enfin au décor initial de l’auberge de Valladolid, où Christophe Colomb, mourant, est rejoint par son double mythique (tableau 6). Puis reparaît le décor idéalisé de la scène de Majorque dans la première partie, dont les personnages, transportés et transfigurés « au Paradis de l’Idée », se retrouvent au Royaume du Ciel, le Nouveau Monde découvert par Christophe Colomb devenant alors le symbole de l’Autre Monde (tableau 7), dont les « Portes Éternelles » s’ouvrent au chant d’un alleluia final (tableau 8).

Le recours au cinéma, doublant et illustrant parfois sur la toile du fond les paroles et l’action des personnages, permet de représenter ou de suggérer sur l’écran les événements ou les sentiments évoqués sur la scène : ainsi, dans la première partie, le spectacle du globe terrestre sur lequel plane une colombe figurant l’Esprit de Dieu (tableau 3), le souvenir de la prise de Grenade au cours de la prière de la Reine Isabelle (tableau 14), les visions de Christophe Colomb rêvant aux aventures de Marco Polo (tableau 10) ou tenaillé par le remords de ses exactions, justifiées par la découverte d’un monde (deuxième partie, tableau 4).